Mardi dernier, je vous parlais ici du roman de Lorraine Fouchet « Le chant de la dune », un livre que j’ai pu découvrir grâce aux Editions Retrouvées. A l’heure où la technologie apporte de nouvelles façons de lire, et bouscule le monde de l’édition, j’ai souhaité connaître les motivations de Francesca Orlando-Trouvé, la directrice éditoriale de cette nouvelle maison d’Edition, pour lancer sur le marché une nouvelle collection « papier ». Elle a gentiment accepté de répondre, je vous propose de découvrir ses réponses :
Ma Librairie Virtuelle : Bonjour, est-ce le plaisir de la lecture, ou un livre en particulier, qui vous a donné envie de travailler dans le milieu de l’Edition ?
Francesca Orlando-Trouvé : Sans hésiter le plaisir de la lecture. Je me revois, adolescente déjà, dévorer tous les ouvrages qui me passaient par la main. Par la suite, heureusement, j’ai été beaucoup plus sélective, tout en gardant des choix variés. C’est aussi le hasard qui m’a amenée vers l’édition. Une mission intérimaire m’a fait découvrir l’univers du livre, lorsque je suis arrivée à Paris, et… je ne l’ai plus quitté !
Mlv : Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel jusqu'à la naissance de votre maison d’Edition ?
F. O-T : J’ai commencé par des remplacements chez Armand Colin et Masson. J’ai ensuite trouvé un poste au service des droits des Editions de la Seine, qui éditait une collection appelée Succès du Livre. Puis les Editions de la seine ont été intégrées au groupe Maxi-livres, et je suis devenue responsable des coéditions étrangère et française, tout en étant toujours en charge de la collection Succès du livre. En 2006, Maxi-Livres dépose le bilan, et de mon côté, j’ai fait des remplacements, des missions chez différents éditeurs, comme Belfond/Presses de la Cité/Cherche-midi, un catalogue de vente par correspondance, etc… J’ai fait aussi bien de l’éditorial que du commercial.
Mlv : Comment sont nées les Editions Retrouvées ?
F. O-T : Depuis Maxi-livres, je n’ai jamais perdu de vue qu’il existait un vrai lectorat, pour des ouvrages qualitatifs, mais qui ne pouvait pas se les offrir. Pendant mes divers remplacements où je travaillais pour des créations de collection, je n’arrêtais pas de me dire qu’il y avait une place pour ce genre de collection, surtout en période de crise .Il y a un an, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure et mes premiers titres ont vu le jour en mars 2012.
Mlv : Les textes sont issus de catalogues d’éditeurs différents, sur quels critères sélectionnez-vous les titres qui seront réédités chez vous ?
F. O-T : Le fait d’être indépendante me permet de travailler avec tous les éditeurs, de tous les groupes. Du coup, le choix est varié ! Les textes que je choisis sont parfois proposés par les éditeurs, parfois issus de ma mémoire, des suggestions, d’idées que je prends autour de moi. Qui n’a pas autour de lui un ami qui parle avec émotion d’un ouvrage qu’il a lu il y a quelques années !! Pour cette sélection, je ne me suis pas fixée de règle, si ce n’est que l’ouvrage doit être populaire, accessible, bien écrit. Je préconise la lecture-plaisir !! d’où le format, le caractère, les rabats, le sticker prix que l’on peut retirer pour offrir le livre…
Mlv : Quelle a été la réaction des éditeurs sollicités, ainsi que celle des auteurs, à l’annonce de votre projet ?
F. O-T : Certains éditeurs se sont d’abord interrogés sur l’opportunité d’une telle collection, il a fallu les convaincre. D’autres ont tout de suite adhéré et me suivent. En fait je fais ce que les éditeurs ne peuvent faire avec leur fond, car ils traitent leurs nouveautés. Je remets en avant des titres de leur catalogue. Quant aux auteurs, c’est unanime, Ils ont été ravis de voir leurs titres réédités dans une nouvelle collection. Je trouve tellement dommage que certains titres disparaissent du paysage éditorial.
Mlv : Une vingtaine de titres cette année, quarante à partir de l’an prochain : cela veut-il dire que les catalogues que vous consultez, regorgent de titres qui ne demandent qu’à retrouver un nouveau lectorat ?
F. O-T : Oui, j’en suis convaincue. Il faut les rendre accessibles. Mais pour cela, il faut aussi convaincre les libraires... Je suis persuadée que les titres méritent une seconde voire troisième vie !
Mlv : A l’heure du livre numérique et des liseuses, redonner le plaisir de lire avec un livre papier, est-ce un défi ?
F. O-T : C’est un vrai défi …Les chiffres de vente du livre numérique ne sont pas encore significatifs, mais ils devraient le devenir dans les prochaines années. Sortir une nouvelle collection papier, c’est vraiment venir à contre-courant.
Mais je suis convaincue : lorsqu’on travaille toute la journée sur un écran, c’est tellement agréable de passer au papier !! Vous imaginez, un livre qu’on emmène à la plage, qui a un prix qui fait que ce n’est pas très grave si on l’abîme… Qu’on lit confortablement, qu’on feuillette, qu’on annote parfois, qu’on corne (bon ça je ne suis pas trop d’accord), qu’on met dans son sac…
Mlv : En avant-première, peut-on connaître quelques noms d’auteurs dont les textes seront publiés dans les mois à venir ?
F. O-T : En juillet il y aura Michael Connelly avec A genoux, Christian Signol avec Mes Romans de l’enfance. Pour la rentrée, Je prévois, Jean Diwo, Madeleine Chapsal, Lucie Aubrac, Alain Dubos et pour la fin de l’année, Christine Clerc, Henri Amouroux, Pierre Magnan, Claude Michelet, Janine Boissard. Vous pouvez le constater, une sélection très diversifiée…
Je remercie Francesca Orlando-Trouvé pour le temps qu’elle a bien voulu consacrer à ce questionnaire, afin de nous présenter cette nouvelle collection.
Le site des Editions Retrouvées est ici
Le chant de la dune de Lorraine Fouchet paru le 6 juin dernier est chroniqué ici
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