En allant à la rencontre d'Oscar Pill, les lectrices et les lecteurs ont plongé avec délectation dans l'imaginaire de son créateur : Eli Anderson, un romancier qui excelle dans différents registres littéraires. En contant le corps humain, celui-ci a ouvert les portes d'un Monde empreint de rêve, d'enchantement, d'humour... Mais aussi de connaissances, et de générosité. Alors que son héros s'apprête à nous entraîner dans les secrets du dernier Univers avec Cérébra L'ultime voyage - le 3 OCTOBRE PROCHAIN aux Editions Albin Michel - c'est toujours avec générosité, et sincérité, qu' Eli Anderson est revenu sur l'épopée d'Oscar Pill. Je vous laisse en sa compagnie, et vous souhaite un bon dimanche...
Ma Librairie Virtuelle : Bonjour, voilà, nous y sommes… les aventures de votre héros, Oscar Pill, s’achèvent avec la sortie de «Cérébra L'ultime voyage» le 3 octobre prochain. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Eli Anderson : Vous me connaissez : je suis un affectif, donc l’idée de quitter Oscar me retourne, mais l’avoir accompagné au bout de son destin est en même temps un immense plaisir – et une porte ouverte sur d’autres projets qui me tiennent à cœur ; bref, je me console comme je peux !
Mlv : Oscar Pill est un projet que vous avez porté en vous pendant des années, avant de le concrétiser, à travers ces 5 tomes. Que retenez-vous de ces années pendant lesquelles il a mûri, puis, su trouver, et conquérir, un lectorat hétéroclite ? Qu’est-ce qui vous a le plus étonné dans son parcours ?
E. A. : J’ai adoré l’accompagner dans ce parcours initiatique, qui est celui que j’aurais aimé mener moi-même au lieu de suivre la voie plus… traditionnelle, dirons-nous, des études de médecine. Mais je suis aussi touché par la maturation effective et psychologique d’Oscar, qui devient plus responsable, plus zen (si, si, Oscar zen, qui l’eût cru ?) et maître de lui. Je savais bien sûr qu’il irait au bout de son destin, puisque je savais tout de la saga avant d’en commencer l’écriture, mais j’avoue qu’il m’a surpris, comme un être de chair et de sang qui échappe à l’écrivain – je comprends mieux ces auteurs qui confessent ce sentiment et que je trouvais toujours étrange ; j’avais la conviction que c’était une jolie invention pour les journalistes, mais non, cela peut se produire, j’en témoigne ce jour sur MLV !! Enfin, je suis un perfectionniste, et je suis sans concession vis-à-vis de moi-même (bon, pas toujours moins exigeant avec les autres, je l’avoue, mais c’est un autre débat…) donc je me retourne aussi sur ces années de travail et j’en vois les défauts, les choses qu’avec le temps, j’aurais menées autrement… mais sans regret. Je DETESTE les regrets !
Mlv : N’êtes vous pas tenté de poursuivre cette aventure ? En continuant à faire découvrir Le(s) Monde(s) des Médicus, avec une histoire basée sur un autre personnage important dans l’histoire d’Oscar Pill ?
E. A. : Je crois qu’il faut savoir dire stop… et continuer, bien sûr – vous me voyez m’arrêter ?? – mais avec une autre histoire, d’autres personnages, d’autres messages. Je trouve toujours triste et un peu agaçant de voir ces auteurs qui n’en finissent de terminer et qui vous pondent l’ultime dernier tome… avant le suivant.
Mlv : Après Génétys, un quatrième opus plus sombre. Ce cinquième tome va entraîner Oscar Pill dans un univers inquiétant, mais fascinant : Cérébra. Pouvez-vous nous présenter cet ultime voyage ? Que va devoir affronter votre héros cette fois-ci ? Et surtout, va-t-il obtenir toutes les réponses à ses questions ?
E. A. : Ce dernier voyage est complexe. Oscar – qui revient de deux ans au bout du monde, vécus dans des conditions extrêmes) va découvrir un monde ravagé, sous le joug du Prince Noir, et un 5ème univers, le cerveau (qui me fascine depuis toujours, d’ailleurs, l’auteur de thriller vous le dira !), qui se déploie sur plusieurs territoires, dirons-nous – non, NON, cette fois vous ne me tirerez pas d’autres vers du nez, je me suis promis de ne pas me faire avoir ! (ou alors, très peu, parce que vous êtes trop forte pour moi). Il y trouvera les réponses à son passé, son avenir, et le voile sera levé sur d’autres personnages, bien sûr. C’est un tome qui donne un tout autre sens aux quatre premiers, en somme.
Mlv : Avec l’univers de Cérébra, c’est celui de la pensée, mais aussi celui de la manipulation, que vos lectrices et lecteurs vont explorer grâce à Oscar. D’ailleurs, peuvent-ils se dire qu’avec ce dernier tome, l’auteur jeunesse rejoint l’auteur de thrillers ? avec un thème cher à ce dernier : le cœur des émotions humaines ?
E. A. : C’est l’univers des émotions, de la mémoire, de la pensée, du sommeil (oui, je sais Valérie, ça vous évoque quelque chose, tout ça… ;-) et de tous ces mystères impalpables qu’on a envie d’explorer – et qui nous font peur, au fond, puisque, en connaissant les clefs de cet univers, on ouvre la boîte de Pandore, celle des tentations du mal.
Mlv : Oscar Pill sillonne le monde, grâce à la traduction, dans plus de vingt pays. Quel regard portez-vous sur la différence dont ses aventures sont perçues -à travers les couvertures- d’un pays à l’autre ?
E. A. : C’est vrai que la couverture, déjà, révèle bien des choses sur la façon dont un texte est perçu – mais aussi sur les attentes d’un lectorat. En Asie, par exemple, le fantastique et la magie n’effraient ni ne rebutent nullement, au contraire, et ils n’ont pas les mêmes verrous que nous, notamment grâce à l’essor du manga. Mais si je dois retenir quelque chose de cette aventure mondiale, c’est que le message et la curiosité d’Oscar sont universels, et ça me fait chaud au cœur.
Mlv : Concernant les aventures d’Oscar Pill au cinéma, pouvez-vous nous dire où en est le projet ?
E. A. : Non ma chère, je ne peux rien y ajouter puisque je n’en sais pas beaucoup plus que vous ! Warner et Heyman sont très secrets. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on continue à les « nourrir » avec des éléments de la saga au fur et à mesure que les tomes sortent et qu’ils nous en demandent, et on croise les doigts…
Mlv : Et maintenant, Oscar Pill va continuer sa route… Mais de votre côté, pouvez-vous nous confier quels sont vos futurs projets ? L’auteur jeunesse a sûrement d’autres histoires à nous conter, et d’autres rendez-vous à nous proposer, non ?
E.A. : Eh bien non, figurez-vous : j’ai 44 ans, j’ai donc décidé de jouir d’une retraite bien méritée, compte tenu de mon grand âge et du travail accompli ;-)
Plus sérieusement, deux projets me tiennent à cœur, mais j’avoue qu’en en parlant, j’ai le sentiment de mettre mon Oscar à la porte prématurément… Mais puisque vous insistez (ah, je suis désespérément faible, vous me faites toujours céder), disons qu’une nouvelle saga verra le jour en 2013, ça c’est sûr. Et s’il faut parler de l’un des deux projets, disons aussi qu’il aura pour héros… une héroïne, cette fois, une jeune fille de 17 ans au caractère bien trempé dans un monde sans pitié. Au programme : du suspense, de l’émotion (on peut être dure et amoureuse, non ?) et une pointe de fantastique. Mais nous en reparlerons dès que je serai tout à fait décidé entre les deux projets, si vous le voulez bien, et concentrons-nous sur le tome 5 et la fin de la saga - Oscar le vaut bien, non ? ;-)
Mlv : Eli Anderson s’est fait connaître dans la littérature jeunesse, alors que Thierry Serfaty avait déjà une place dans le registre du thriller. Avez-vous vécu cette expérience comme une mise en danger pour l’auteur de thrillers ? Ou simplement, comme une nécessité, afin de pouvoir exprimer toutes les facettes de votre créativité ?
E. A. : Une mise en danger ? Non, pas du tout. Je ne suis pas assez schizo pour voir en moi deux personnages différents qui s’affrontent à ce point ! Non, je crois simplement que j’ai l’envie de traiter de plusieurs sujets et de façon très variée, et que j’ai l’immense chance de pouvoir le faire (en France, on accorde rarement du crédit à un auteur qui sort de sa « case » initiale, alors j’en profite), alors pourquoi m’en priver ? Le jour où les lectrices et les lecteurs – et seulement eux - me feront comprendre que je n’ai plus de légitimité dans un domaine ou un autre, je les écouterai, voilà tout… Pourvu qu’ils ne se prononcent pas trop vite !
Mlv : Vous intervenez auprès de jeunes lectrices/lecteurs en Collèges* et Lycées, comment abordez-vous ce type de rencontres ? les questions posées lors de ces rencontres sont-elles différentes ? voire plus pertinentes ?
E. A. : J’adore ces rencontres, tout simplement. Les questions sont fines, précises souvent, pointues, sincères, mais surtout très franches, et elles ne tolèrent pas les réponses alambiquées ou prudentes qu’on peut parfois livrer aux adultes. Parce que les ados, eux, ne s’en contentent pas et nous le font savoir ! C’est un peu « je te pose une question claire, je veux une réponse claire ! ». Parfois, c’est impitoyable, et le plus souvent, c’est formidable. Alors je prends !
Mlv : La littérature jeunesse est parfois dévalorisée, or, le succès de votre saga prouve qu’elle répond à une réelle attente d’un lectorat, dont le créneau d’âge va au delà de celui de l’adolescence… Donc, qu’elle a bien sa place dans le monde littéraire. A votre avis, pourquoi une telle critique à l’égard de cette littérature ?
E. A. : Je ne vous suis pas sur ce point, Valérie. Ou alors, on va dire que tous les genres essuient ce type de critique à tour de rôle : on l’a dit pour le polar, puis pour la SF, puis le genre romantique, etc. C’est la loi des lettres, peut-être : il faut un vilain petit canard. Mais au fond, on a dépassé ce débat depuis longtemps pour parler selon le seul critère qui compte, à mon sens : le plaisir de lire et de faire lire. La littérature jeunesse est un des rares territoires qui font lire adultes et ados, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, riches et moins riches… alors les grincheux et les snobs littéraires, vous savez, on les laisse de côté.
Mlv : Avant de vous remercier pour votre présence sur Mlv aujourd’hui, voici une dernière question. A travers La Saga Oscar Pill, vous avez transmis du rêve à vos lectrices et lecteurs… Si vous découvriez que toute cette aventure littéraire n’était qu’un rêve ? Que feriez-vous ?
E. A. : Je me rendormirais illico !
* En juin 2011, La Révélation des Médicus a remporté le Prix Ado Rennes 2011.
En attendant de découvrir ce dernier opus, dont seul Eli Anderson détient encore les secrets. Je le remercie infiniment pour son humanité, et son indulgence, qui m'ont permis de vous offrir ce moment privilégié.
Chroniques sur les tomes précédents :
La Révélation des Médicus ici
Les Deux royaumes ici
Le Secret des éternels ici
L'allié des ténèbres ici
Le Slog d'Eli Anderson
Le Slog de Thierry Serfaty
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